Fructôse lance un appel à candidature pour un workshop de recherche et de création, du 22 au 27 février 2025, dans ses ateliers situés à Dunkerque. Dirigé par la commissaire d’exposition Bénédicte le Pimpec, ce workshop est un format expérimental de travail collectif, enrichi d’échanges avec des intervenant.e.s extérieur·es. L’ensemble des artistes participant·es sont présent·es sur-site durant la totalité du workshop.
Bénédicte le Pimpec propose le workshop « Marée montante », moment de réflexion collective sur notre contemporanéité et son pendant pragmatique. Prenant comme point de départ le « Que faire ? » formulé par Jean-Luc Godard dans un manifeste rédigé en 1970 pour la revue Afterimage, ce workshop s’intéresse à la manière de fabriquer des œuvres et des expositions dans le contexte économique, politique et écologique qui est le nôtre et propose d’ajouter « collectivement » à la question du cinéaste. Comment, pour reprendre les mots de l’historienne de l’art Zhong Mengual dans son ouvrage « L’art en commun », « l’art peut-il contribuer à réinventer les conditions et les formes possibles du faire collectif ? ». Il sera ainsi question de notre rapport au commun et à l’action tout au long de cette semaine.
Le rendu du workshop se fera sous la forme d’un projet d’édition mis en œuvre collectivement et imprimé sur les presses de Fructôse. Des intervenant.e.s extérieurs (artiste, historien.ne de l’art…) contribueront à la réflexion et à l’élaboration collective de l’édition.
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LA COMMISSAIRE D’EXPOSITION
Bénédicte le Pimpec est commissaire d’exposition et codirige, depuis 2015, les ateliers bermuda, un espace dédié à la recherche et à la production artistique situé à Sergy (Ain).
Diplômée des Beaux-Arts de Brest et titulaire d’un master en pratique curatoriale de la HEAD – Genève, elle a collaboré avec de nombreuses institutions telles que le Palais de Tokyo à Paris (2013), le Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (2016-2018), Kunsthaus Langenthal (2018), le Centre national des arts plastiques à Paris (2019), ainsi que Mumbai Art Room en Inde (2019).
Elle a également participé à diverses résidences, dont la Fonderie Darling à Montréal (2017), Das weiss haus à Vienne (2014), Astérides à Marseille (2015) ainsi qu’à New Delhi et Bombay, dans le cadre d’une résidence curatoriale organisée par Pro Helvetia. De 2018 à 2020, elle a pris part à un projet de recherche du fonds national de la recherche suisse, sous la direction d’Ileana Parvu, explorant le rôle de la main et les processus de délégation chez les artistes post-conceptuels. Cette recherche a donné lieu à la publication du livre “Faire, faire faire, ne pas faire” aux Presses du réel en 2021.
Actuellement, ses travaux se concentrent sur les pratiques collectives de création, et elle poursuit un doctorat en pratique curatoriale, se penchant sur la pérennisation des lieux de pratique artistique. Elle mène également, en tant que responsable de la programmation de la Fondation Pavillon Sicli à Genève, en partenariat avec la Fondation Genevoise pour l’action socioculturelle, un projet avec l’artiste Suisse Thomas Hirschhorn qui sera présenté au public en 2026.
CONTENU DU DOSSIER :
Les personnes intéressées sont invitées à envoyer leur dossier de candidature à l’adresse candidatures@fructosefructose.fr avant le 15 décembre 2024 à 23h59. Le dossier devra inclure :
- CV
- Portfolio de 20 pages maximum, 10Mo max.
- Courte note décrivant vos motivations (maximum 1 page)
MODALITÉS :
- Durée : du 22 au 27 février 2025 (arrivée le 21 février)
— 21 février : arrivée en fin d’après-midi et diner de bienvenue
— Durant la semaine : sessions de travail collectives, et échanges avec des intervenant.e.s invité.e.s
— 27 février : restitution et souper de fin de workshop
— 28 février : départ des participant·es - Transport + hébergement + déjeuners pris en charge
- Bourse de résidence : 400€ pour les 6 jours + forfait 150 € de droits d’auteur pour la diffusion de la restitution des travaux produits
CALENDRIER DE CANDIDATURE :
- Date limite de réception des candidatures : 15 décembre 2024
- Comité de sélection : 7 janvier 2025
- Annonce des résultats : 8 janvier 2025. Réponses souhaitées dans les 72h suivant l’annonce de la sélection.
Lieu : Fructôse, Bâtiment des Mouettes, Dunkerque
ANNEXE
Marée montante
« Que faire ? » demande Jean-Luc Godard dans un manifeste rédigé en 1970 pour la revue Afterimage. Cette question, et les 40 tentatives de réponses qui s’en suivent, convoquent les tiraillements de l’auteur quant au pragmatisme artistique. C’est là que se trouve l’une des formules connue du cinéaste : « Faire politiquement des films [c’est] savoir se servir des images et des sons comme les dents et les lèvres pour mordre ». Les relations entre art et politique sont complexes et Godard s’est régulièrement contredit à ce sujet mais la question semble toujours d’actualité. « Que faire ? » Comment fabriquer des œuvres et des expositions dans le contexte économique, politique et écologique qui est le nôtre ?
Si Dominique Baqué1 expose l’incompétence de l’art contemporain en la matière, affirmant que seul le documentaire engagé serait la forme idéale d’un art qui serait politique, du côté de l’art certains ont préféré quitter le navire et sont allés cultiver les champs, faire du fromage, dégrapper de l’asphalte ou planter des forêts. Ils repensent ainsi leur lien et action sociale – allant souvent de pair avec une aspiration vers un nouveau mode de vie – en dehors du champ de l’art. D’autres, au contraire, intègrent ces pratiques venues d’autres horizons dans leur processus ou dans leurs formes ou imaginent des formes participatives. Dehors ou dedans, ces propositions sont souvent formulées en commun, par le biais d’un groupe, d’une action collective.
Dans cette perspective, le workshop Marée montante, sera un moment de réflexion sur notre contemporanéité et son pendant pragmatique, notre rapport à l’action, au commun et sur nos attachements et interdépendances. Comment, pour reprendre les mots de l’historienne de l’art Zhong Mengual, « l’art peut-il contribuer à réinventer les conditions et les formes possibles du faire collectif ? »2 Malgré leur impact croissant, les processus de création artistique « en commun » restent encore peu documentés. Ce type de pratique invite pourtant à redéfinir les notions d’auteur, de propriété, de partage et de collaboration. Comme le souligne la curatrice Daphné Dragona, l’art ne se contente pas de réagir aux crises successives, mais participe activement à la construction de nouvelles formes de communautés, de solidarités et de structures sociales ancrées dans la mise en commun des ressources, des savoirs et des expériences.
A ce Que faire ? posé par Godard il y a plus de cinquante ans, nous élaborerons des pistes de réponses, des propositions concrètes, fictives, ou formulerons l’absence de propositions. Nous tenterons d’ajouter collectivement à la question initiale, prenant acte que l’art ne peut s’élaborer sans commun. Un projet d’édition sera mis en œuvre collectivement pendant la semaine. Il sera le témoin de nos tentatives. Des artistes, historiens de l’art et sociologues interviendront tout au long de la semaine pour penser avec nous à l’élaboration des tentatives.
1 Dominique Baqué, Pour un nouvel art politique, De l’art contemporain au documentaire, ed. Flammarion, Paris, 2004.
2 Estelle Zhong Mengual, L’art en commun, réinventer les formes du collectif en contexte démocratique, ed. Les presses du réel, Paris, 2018, p.284